Tunisie
Voyages culinaires
Toits et rues de Tunis
Sur le papier, Tunis n’apparaît pas comme une métropole imposante, grouillante de vie et de bruits comme sa grande sœur Alger. Ou encore
démesurée, gigantesque comme le Caire, surnommée en arabe « Om el
Dounia », la mère du monde…
Peuplée de deux millions d’habitants,
Tunis se découvre traditionnellement pour tout voyageur arrivant de l’aéroport
de Carthage par la rencontre de l’Horloge. La Monguela. L’un
des carrefours de Tunis. Cet endroit où les louages (taxis collectifs),
patientant ou non plus ou moins
discrètement sur les bas-côtés sont pris d’assaut aux heures de pointes pour
rentrer à la Marsa, au Kram, à la
Goulette… l’horloge, c’est aussi le manège à cheval des taxis tunisois en quête de clients, arborant la couleur sur leur tableau de
bord : Rouge, « viens donc me voir », vert « retente
ta chance mon gars » !
L’horloge est la gardienne de l’Avenue Bourguiba,
si révélatrice de la présence française durant des décennies. Ce n’est pas un
hasard si on l’évoque par le terme « Champs Elysée de Tunis ». Grande percée haussmanienne, alternant
immeubles style rococo et hôtels type
occidental, elle est un lieu de passage incontournable. Fermée à la circulation
durant le week end, de nombreux Tunisois et Tunisoises y déambulent à un moment
ou un autre de la journée : pour y faire les courses au Marché
Central le samedi satin, pour y manger
un makloub ou une mtabga, pour déguster une glace en sirotant un thé à la sortie
du cinéma, pour assister à une exposition entre les rangées de ficus. Et le
samedi soir, pour se rendre d’un pas assuré vers la rue de Marseille (rue de la Soif) et en ressortir d’une
démarche plus…. Chancelante !
Mais au bout de l’Avenue Bourguiba, la
grande histoire nous attend. Elle est fièrement gardée par la statue d’Ibn
Khaldoun, un des grands penseurs du
monde méditerranéen. Ce dernier nous invite à la découverte d’un trésor inscrit
depuis 1979 au patrimoine mondial de
l’UNESCO : La Médina.
Pour
découvrir la médina, il faut se perdre. Marcher en dehors des circuits balisés
pour les touristes (qui commencent à revenir, après une période bien creuse)
pour déambuler dans les petites rues…
Et regarder.
Prendre le temps de regarder les gens qui y
habitent. Le va et vient des marchands des souks. Les discussions animées des
femmes sur le pas de la porte des épiceries. Les enfants qui crient à la sortie de l’école, qui se bousculent en
se faufilant entre les étals. Observer
les façades des maisons, les portes en bois multicolores, les carreaux de
faïences, les petites portes dérobées, les branches de jasmins, bougainvilliers
qui surgissent entre deux murs.
Et Ecouter
Ecouter les appels à la prière qui résonnent, s’interpellent, se répondent. Ecouter les mélodies des musiciens installés dans des cafés (café des Vignes, derrière la mosquée de la Zitouna, LA bonne adresse de la Médina) que les jeunes reprennent de bon cœur. Se laisser étourdir par les apostrophes des vendeurs qui vous disent que tout est gratuit ( jusqu’à la caisse). Dans un registre plus subtil, les miaulements des chats qui règnent sur la Médina, les bêlements des moutons ( avant ou après l’Aïd, jamais pendant)
Et sentir
Respirer les odeurs de la Médina. Les épices rue des Teinturiers. L’odeur des parfums. L’odeur sucrée des makroudhs.
Et puis, le soir, le silence se fait peu à peu. Les commerçants plient boutiques, les gens rentrent chez eux. On entend plus que le chant des oiseaux qui tournoient lentement au dessus des maisons. Le soleil se couche, projetant sur toutes les façades des lueurs orangées, puis de plus en plus rouges.
Soudain, des bruits plus perçants retentissent dans le ciel. Un vol d’oies sauvages ? Non, juste un escadron de flamants roses qui migre du lac de la Mélassine vers le front de mer. Décrivant un très grand arc de cercle, ils s’apprêtent à rentrer en Europe pour l’été. Mais nul doutes que dans six mois, quand l’hiver s’installera, ils feront le chemin en sens inverse pour retrouver Tunis…
… Les suivrez vous ? ;)
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